Il y a déjà comme un petit air de vacances qui flotte dans l'air. Je suis assis sur un canapé qui n'est pas le mien, dans un appartement dans lequel je n'ai jamais vécu auparavant. C'est un jeudi banal pour la plupart des gens. Le temps est un peu gris, pas de quoi regretter de travailler finalement. Pourtant, malgré le laptop du boulot qui chauffe agréablement mes jambes, j'ai déjà la tête ailleurs.


Je suis chez Julie depuis deux jours. Sherbrooke ce n'est pas très grand ni très jolie mais c'est une coupure bienvenue dans mon quotidien. Je n'ai d'ailleurs pas vraiment laissé le choix à mes collègues et mon employeur. Quelques textos échangés le dimanche, un covoiturage réservé le lundi, la promesse (tenue) de travailler à distance et celle, sans surprise, de nombreux fou rires, auront eu raison de mes rares scrupules.


Sherbrooke point de départ de mon voyage? Sur ce blog uniquement car je pense plutôt que ce dernier a commencé le jour où l'idée de tout quitter pour la seconde fois en trois ans a germé dans mon esprit. Tout quitter... Dit comme ça ce n'est pas très encourageant. Il y a encore quelques semaines j'étais dans cette phase où l'on cherche des raisons de changer d'avis. Des excuses que l'on exposerait à la face de notre microcosme social pour se justifier de leur avoir inutilement cassé les pieds des mois durant avec un projet en cours d'avortement. Peut-être est-ce parce que malgré tout, j'ai la sensation d'avoir plus à perdre que lors de mon départ de la France pour le Québec.


En trois ans j'ai perdu quarante cinq kilos et croisé le chemin de plus d'une centaine de personnes. Ceux qui ont choisi le même ticket pour l'expatriation et se sont frottés à l'administration. Ceux qui vivaient déjà ici et m'ont appris ce que québécois signifie. Sans oublier ceux de passages qui ont rendu mes soirées un peu moins sages. Et puis enfin celles qui m'ont pris la main et avec qui je suis allé un peu plus loin.

Trois ans finalement c'est assez cours et pourtant cette période me semble plus riche que les années qui l'ont précédé.

Riche. Je n'ai pas plus d'argent sur mon compte qui, quelque soit sa nationalité, est toujours plus enclin au découvert qu'à l'épargne, mais j'ai gagné bien plus en émotions. Ce voyage finalement ce n'est que la suite logique à trois années exceptionnelle sur le plan humain.

Le grand départ c'est dans un mois...